L’intelligence artificielle au service des sapeurs-pompiers : progrès ou menace pour nos données ?

L’intelligence artificielle (IA) pourrait bien révolutionner la sécurité civile en France… mais à quel prix pour nos données personnelles ?
Lors du dernier Congrès national des sapeurs-pompiers de France, une table ronde s’est tenue autour d’un sujet brûlant : « L’IA au service des sapeurs-pompiers de demain ».

Dans cet épisode du podcast Feu de connaissance, on explore les promesses et les risques de l’IA dans la sécurité civile, à travers des exemples concrets et les enjeux réglementaires qui les accompagnent.


Comment l’IA peut transformer la sécurité civile

Imaginez une inondation soudaine en Normandie.
En quelques minutes, les services d’incendie et de secours doivent savoir où intervenir, qui évacuer et comment coordonner leurs actions.
C’est là qu’intervient l’IA, capable de traiter en temps réel un volume massif d’informations.

Parmi les innovations déjà en cours :

  • La plateforme Nexus : futur système national de gestion des appels d’urgence, capable d’analyser automatiquement les appels, détecter les urgences majeures et orienter les secours plus vite.
  • Les caméras intelligentes : testées dans certaines grandes villes, elles anticipent les mouvements de foule lors d’événements grâce à l’analyse en temps réel des flux de personnes.
  • Les drones autonomes : capables de cartographier les forêts ou zones inondées, d’envoyer des données analysées et d’assister les pompiers sur le terrain.

La donnée : moteur de l’efficacité… et source de vigilance

Pour être efficace, l’IA a besoin de données locales, structurées et mutualisées :

  • Plans communaux de sauvegarde
  • Réseaux d’entraide citoyenne
  • Capteurs de terrain
  • Données météo et modèles prédictifs

Problème : aujourd’hui, ces informations sont souvent cloisonnées. Pour les exploiter pleinement, il faut des formats communs, une interopérabilité entre systèmes et une gouvernance partagée.

Mais attention : la collecte massive de données n’est pas un objectif en soi. En sécurité civile, on collecte pour prévenir, sauver et rétablir les services essentiels — et uniquement ce qui est strictement nécessaire. Les données doivent être pseudonymisées, utilisées dans un cadre légal et conservées le temps requis, pas plus.


Les garde-fous réglementaires

L’Europe a adopté en 2024 un règlement sur l’intelligence artificielle qui encadre les usages à haut risque, comme ceux liés à la sécurité :

  • Finalité claire et définie
  • Transparence
  • Contrôle humain
  • Interdiction de la surveillance de masse

Au niveau national, le gouvernement envisage un cloud souverain français pour garantir la protection des données sensibles.
Au niveau local, l’IA devra s’appuyer sur la connaissance fine du terrain par les collectivités, les maires et les SDIS.


Oui à l’IA… mais pas à n’importe quel prix

L’IA offre un potentiel énorme pour anticiper les risques, optimiser les interventions et sauver plus de vies.
Mais deux conditions sont indispensables :

  1. Respecter la vie privée grâce à des lois solides comme le RGPD et le règlement européen sur l’IA.
  2. Conserver la maîtrise des infrastructures pour que nos données restent protégées sous souveraineté européenne.

Autrement dit : oui à l’innovation, mais pas au détriment de nos libertés ni sous la dépendance d’acteurs étrangers.

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